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Ahavat Torah
2 novembre 2011

Prières : la Amida

La Amida est habituellement récitée trois fois par jour, lors de l’office du matin (sha'harit), de l’après-midi (min'ha) et du soir (ma'ariv). Le Talmud fait homilétiquement remonter l’institution de chacune de ces trois prières à Avraham, Itshak et Yaacov, mais les temps fixés pour la récitation de la Amida sont calqués sur ceux des offrandes perpétuelles qui se tenaient dans les Temples de Jerusalem. Après la destruction du Second Temple en 70 EC, le conseil de Yavné décida que la Amida se substituerait aux offrandes, par application littérale d’Osée 14:3, « Nous t’offrirons, au lieu de taureaux, l’hommage de nos lèvres. » La Amida doit donc être récitée durant la période de temps exacte où le tamid aurait été offert.

 

Concentration

La prière étant appelée dans le judaïsme « avoda shebalev (le culte du cœur), » elle n'a de valeur que si l'on concentre son intention (héb. כוונה (kavana)) et son émotion sur les mots de la prière. Les Sages du Talmud enseignent qu’on ne lit pas une prière comme on lirait une lettre9. C’est pourquoi le Choulhan Aroukh estime qu’il est acceptable de prier dans sa langue natale ou une langue vernaculaire si l’on ne comprend pas l’hébreu, bien que l’étude de la liturgie hébraïque soit l’idéal à atteindre14.

La kavana est particulièrement exigée lors de la première bénédiction, au point qu’un orant qui ne dit une prière que de mémoire devrait la recommencer14. Cependant, le Rema a abrogé cette exigence écrivant que de nos jours (il vivait au XVIe siècle), la période d’attention des gens est si courte qu’une personne priant sans intention lors de la première prière n’en aurait pas davantage lors de la seconde14.

La bénédiction dite « de reconnaissance (Hodaʿa) » doit elle aussi être récitée avec une kavana accrue.

Interruptions

Il est interdit de s’interrompre lors de la Amida, à l’exception de dangers vitaux ou de besoins pressants. Il est également interdit d’interrompre la Amida d'un autre orant, par exemple en s’asseyant à côté de lui, ou en marchant dans un périmètre de quatre amot (coudées) autour de lui.

Une récitation silencieuse

Cet usage vient de Hannah, lorsqu’elle alla prier au Temple pour avoir un enfant : elle « parlait dans son cœur, et ne faisait que remuer les lèvres, mais on n’entendait point sa voix15. » C’est pourquoi, lors de la récitation privée de la Amida, la voix de l’orant ne devrait être audible que pour lui-même16.

La prière récitée debout

La Amida doit être récitée debout, pieds joints, afin d’imiter les anges qui, dans la vision d’Ézéchiel, avaient les pieds droits17 ; les orants, s’adressant à la Shekhina, doivent en effet s’efforcer de ressembler aux anges, ôtant toute pensée matérielle de leur esprit[réf. nécessaire]. Dans la même veine, le Tiferet Yisrael explique dans son commentaire Boaz que la Amida est ainsi appelée parce qu’elle aide les orants à focaliser leurs pensées, qui sont par nature actives et mouvantes.

Le Talmud enseigne que celui qui chevauche un animal ou voyage à bord d’un bateau (ou, par extension, dans un avion, un bus ou un train) peut réciter la Amida assis, car la précarité de sa station debout est suffisante pour l’empêcher de se concentrer sur sa prière[réf. nécessaire].

L'orientation de la prière vers Jérusalem

La Amida est récitée en faisant face à Jérusalem, le patriarche Jacob ayant proclamé « c’est ici la porte des cieux18, » où les prières peuvent monter. Le Talmud consigne une baraïta à ce sujet :

Un aveugle, ou une personne incapable de s’orienter, doit diriger son cœur vers son Père dans les Cieux, ainsi qu’il est dit « … ils adresseront des prières à YHWH19. ». Celui qui réside en diaspora doit se tourner vers la terre d’Israël ainsi qu’il est dit « les regards tournés vers la ville que Tu as choisie19 », celui qui réside en terre d’Israël doit faire face à Jérusalem, ainsi qu’il est dit « ils adresseront à YHWH des prières, les regards tournés vers la ville que Tu as choisie19. » Celui qui se trouve à Jérusalem doit faire face au Temple […] Celui qui se trouve dans le Temple doit se tourner vers le Saint des Saints […] celui qui se trouve dans le Saint des Saints doit faire face au couvercle de l’Arche de l’alliance […] de sorte que toute la nation d’Israël dirige ses prières vers un seul endroit20.

Trois pas

Les Juifs pratiquants ont pour coutume de reculer puis avancer de trois pas avant et après la récitation de la Amida.

Les pas en arrière au début de la Amida symbolisent le retrait de l’attention vis-à-vis du monde matériel, et les pas en avant l’approche symbolique vers le Roi des Rois. En réalité, seuls les pas vers l’avant seraient nécessaires, les pas en arrière au début de la récitation n’étant qu’une coutume21.

Selon le Talmud, les pas en arrière après la Amida sont une réminiscence du culte dans le Temple de Jérusalem, où ceux qui apportaient des offrandes reculaient ensuite de l’autel sans le quitter des yeux. Ces pas sont aussi comparés à ceux d’un étudiant qui prend respectueusement congé de son maître :

« Rabbi Alexandri a dit au nom de Rabbi Yehoshoua ben Levi : celui qui a prié devrait reculer de trois pas et ensuite prier pour la paix. Rav Mordekhaï lui a dit : une fois qu’il a reculé de trois pas, il devrait rester où il est22. »

Suite à cet échange talmudique, l’usage a été établi que les fidèles reculent de trois pas après la méditation finale, et disent, en s’inclinant de droite et de gauche : « Celui qui fait la paix (le shalom) dans les cieux, fera la paix sur nous et sur tout Israël, et disons Amen. »

La prosternation

L’orant se prosterne en quatre endroits de sa prière : au début et à la fin de la première bénédiction, au début et à la fin de la Hodaʿa.

Lorsqu’il dit « Béni es-Tu Seigneur, » ou « nous Te reconnaissons » pour la Hodaʿa, il fléchit les genoux à « Béni, » se prosterne en disant « es-Tu, » et se redresse après avoir dit à « Seigneur. »

La raison pour cette procédure est que, d’une part, le terme « béni, » baroukh en hébreu, est lié au mot « genou, » berekh) et que d’autre part, Dieu « redresse ceux qui sont courbés23. »

Selon le Talmud, il faut s’incliner jusqu’à ce que les vertèbres fassent protrusion du dos, bien qu’une personne physiquement incapable de le faire peut se contenter d’incliner la tête24.

Au cours des offices de Rosh Hashana et de Yom Kippour, les Juifs s’inclinent traditionnellement jusqu’au sol et se prosternent dans une posture similaire à celle des musulmans, mais pas exactement de la même manière. Il existe des variations parmi les ashkénazes sur le temps qu’on doit passer dans cette position.

Certains Juifs yéménites, le plus souvent des Dor Daïm ou des Talmide haRambam comprennent des enseignements du Talmud et du Mishneh Torah concernant la prosternation lors de la Chmona Essrè que l’on doit toujours fléchir les genoux jusqu’au sol non seulement lors des Jours redoutables, mais tout au long de l’année. Il est difficile d’estimer le nombre de personnes adhérant à cette opinion, la plupart d’entre eux ne le faisant sans doute qu’en privé ou lors d’offices avec des personnes partageant leur coutume.

 

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